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Comment l’oubli de mon smartphone s’est transformé en meilleure journée de ski de la saison

Il est 9h16 dans le bus qui m’emmène en station lorsque je dois me rendre à l’évidence. J’ai retourné toutes mes poches mais pas une trace de mon smartphone, il est resté à la maison.

La playlist musicale que j’avais mis plusieurs jours à finaliser en pensant à cette journée de ski devra attendre. Il en est de même pour l’itinéraire que j’avais planifié avec soin. Car même si je connais un peu le domaine skiable, c’est quand même plus rapide de s’orienter avec l’application de la station. 

Un peu las, je regarde les montagnes enneigées et voilà que les premiers rayons du soleil percent à travers les fenêtres du bus. Une chaleur douce et bienvenue en cette matinée bien fraîche.

Le front de neige est en vue, c’est le moment de descendre du bus. Je récupère mon matériel et prends le premier télésiège. Pour rejoindre le sommet, la remontée passe à travers une forêt. Je n’avais jamais remarqué que l’on entendait si bien les oiseaux, ne pas avoir mis de musique possède de bons côtés finalement. Je ferme alors les yeux pour me focaliser sur mes autres sens et voilà que je perçois la délicate odeur de sève des épicéas. Cela me donne envie de descendre par la piste verte qui traverse la forêt. J’ai toujours snobé cette piste conçue pour les débutants car je redoutais de m’ennuyer. Pourtant, après quelques virages, je découvre un nouveau point de vue remarquable mais surtout, l’accès à un petit hors piste. Particulièrement bien caché du reste du domaine skiable, la neige est encore vierge et je vais pouvoir faire ma trace ! 

Après quelques pistes, je m’accorde une petite pause sur le point culminant du domaine. Un café chaud, une vue imprenable sur les montagnes, c’est vraiment une belle journée. 

Il est déjà 11h30 quand je prends la direction du Snowpark et du boardercross. Je pensais y retrouver des visages familiers mais nous sommes en semaine et tout le monde n’a pas la chance de pouvoir se libérer comme je l’ai fait. Et sans mon smartphone, pas de moyen de vérifier. Tant pis, les modules parfaitement travaillés ne seront que pour moi. Je tente quelques figures. Un 360°, quelques grabs et même quelques kozaks, ces figures vintages des années 1980 qui font toujours marrer les copains. Personne pour les filmer ? C’est peut être aussi bien, je ne verrai pas les défauts. 

Pour la pause de midi, pas besoin des applications TripAdvisor ou Google Maps, je connais déjà la meilleure terrasse du domaine. Leur burger au porc effiloché accompagné de frites et de sauce maison est un délice ! Tout en reprenant des forces, je me fixe un objectif pour le reste de la journée : faire toutes les pistes rouges du domaine. Plan des pistes en main, je prépare mon itinéraire le temps du dessert. 

Durant l’après-midi, les descentes s’enchaînent à bon rythme et les jambes chauffent. Confortablement installé dans la télécabine, je fais le point sur mon défi. La Génépi ? Faite ! La Yéti ? Validée aussi ! C’est alors qu’une jolie jeune femme m’aborde intriguée de me voir rayer les pistes sur mon plan. Le récit de ma journée “déconnecté” la fait rire et on échange des anecdotes personnelles avant de rejoindre le sommet. Nous avons skié ensemble le reste de l’après-midi. Les pistes rouges qui manquaient à ma liste attendront une prochaine fois. Aucun doute, les applications de rencontre ne remplaceront jamais le doux frisson d’une rencontre inattendue. 

Déjà 17h, il est temps de poser le matériel et de profiter un peu de l’après-ski en station. On opte pour une terrasse animée où l’on peut boire un verre et danser sur les notes d’un saxophone épaulé d’une chanteuse énergique. 

Alors que la soirée avance, je dois me faire une raison, il est temps de rentrer à la maison. Pure coïncidence ou expérience à refaire, cette journée de ski sans mon smartphone était vraiment exceptionnelle.

© Photos : Merci – Les Arcs